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Dans la vieille ville de Berne

En tant que Genevoise je n’oublie pas qu’il y a mille cinq-cents ans, ma ville était la capitale des Burgondes, alors il m’arrive de me demander pourquoi Genève n’est pas la capitale de la Suisse. Pourtant quand je vais à Berne et que je vois ces hauts ponts majestueux qui se jettent par-dessus la rivière, je mesure à quel point ils sont plus audacieux que les ponts de Genève, sous lesquels tu ne fais même pas passer un bateau. En sortant de la gare, je remarque tout de suite la couleur particulière de la ville, ce mélange élégant de gris et de vert, la fameuse molasse de Berne, celle que les Genevois sont venus chercher pour construire quelques-uns de leurs propres bâtiments. En passant sous les arcades de la vieille ville, protégée par l’UNESCO, je comprends pourquoi on nous a obligés à apprendre l’allemand pendant toutes ces années et même un peu de suisse allemand. Et là, entre le Puppen Theater et le café Alpin, je fais encore une de mes crises. Elles sont récurrentes, violentes, profondes. Comme une somnambule, je me rends directement chez Stauffacher, une librairie étalée en largeur sur deux bâtiments et en hauteur sur quatre étages. J’espère y trouver un nouvel épisode des aventures de Detektiv Müller. Ce détective pantouflard ne fait jamais rien de compliqué parce que le scénario de ses enquêtes est adapté à des personnes qui apprennent l’allemand niveau A1 à B1. Detektiv Müller est présumé être un tremplin vers des lectures plus difficiles. Étant donné que je n’apprends l’allemand que par crises, je n’ai jamais eu accès à ces lectures plus difficiles. Ma satisfaction à la lecture d’un épisode des aventures de Herr Müller me fait parfois suspecter que je refuse inconsciemment le moindre progrès en allemand pour ne pas avoir à lire autre chose. Joie ! En voici un, Verschwunden in Neuschwanstein que je n’ai pas encore lu !