A propos
Mêlant récits enchâssés et dispute existentielle, une courte fantaisie qui renouvelle avec ironie l’amitié masculine augmentée par l’animal.
On était au début du troisième millénaire, jamais deux sans trois disait-on encore fièrement; partout pourtant l’humanité montait aux barricades, brandissant de grands panneaux vengeurs. Doutant de la nature des choses et des temps à venir, les slogans s’écrivaient au vitriol. Ils étaient antilittéraires, courts, accusateurs, souvent accompagnés de grands miroirs tendus à l’Autre, la tête de Narcisse immergée brutalement dans son ruisseau.
Dans ce grand barouf, les fables amoureuses elles-mêmes ne tenaient plus en place. Hommes et femmes se pointaient du doigt, jamais Vigny n’avait semblé si proche d’avoir raison: bientôt, comme dans La Colère de Samson, « se jetant, de loin, un regard irrité, les deux sexes mourront chacun de son côté ». Les mâles étant nouvellement sommés de contempler leur solitude, il parut une courte fantaisie où l’auteur, mêlant récits enchâssés et dispute existentielle, croisait affres de garçon et possibilité d’une amitié renouvelée entre sept masculins. Il y était mis en résonance, avec humour, anamnèse enfantine et prospective d’une humanité augmentée non par elle-même et sa biotechnologie, mais par un animal.
Une femme, artiste, trouva son compte à ce projet. Elle accepta de plonger dans l’imaginaire masculin que le texte suscitait et de se laisser porter par les thèmes qui la frappaient, atmosphère, flux, ouïe, réminiscences, horizontalité. À cette horizontalité, elle appliqua aussi son goût pour l’archéologie picturale. Elle partit en quête des hommes couchés de l’histoire de la peinture. Elle y découvrit l’abîme séparant les genres puisque les hommes sont majoritairement présentés comme morts ou blessés, là où les peintres ont réservé le plus souvent aux femmes gisantes des positions érotiques ou lascives. Elle conçut ensuite sept tableaux pour les sept compères, sept tableaux juxtaposés où s’entremêlent, en une frise narrative au classicisme ironique, les possibles fantasmes souvent burlesques de cette utopie mélancolique.
Née en 1970 en Suisse d’une mère allemande et d’un père catalan, diplômée en 1995 de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL), Élisabeth Llach s’inspire, dans son travail de peinture et dans ses dessins, des images lisses des magazines, de photographies trouvées sur internet ou de reproductions d’art. Ses peintures et dessins mettent en scène la comédie humaine au féminin pluriel, entre violence et séduction, désir et déception. Lauréate du Prix Accrochage du MCBA (Lausanne) en 2009, et du Prix de la Fondation Alice Bailly en 2008, Élisabeth Llach vit et travaille entre La Russille et Lausanne. Elle a exposé notamment à Circuit – centre d’art contemporain (Lausanne), à Katz Contemporary (Zurich), au Musée Arlaud (Lausanne), au MAMCO (Genève), au Kunstmuseum (Berne), au MCBA (Lausanne), au MahN (Neuchâtel).
Né en 1953, licencié en Lettres de l’Université de Lausanne (UNIL), Daniel Carel a enseigné le français dans un gymnase lausannois. Également écrivain et homme de théâtre, formé à la mise en scène comme stagiaire au Théâtre Vidy Lausanne avec Benno Besson, Bob Wilson, Michel Voïta et Joël Jouanneau, il a mis en scène au Théâtre 2.21 (Lausanne) une adaptation de Franz Kafka, Lettre au père, en 2006, une adaptation de Virginia Woolf, Les Vagues, en 2002, et Le square de Marguerite Duras en 1999. Il a écrit divers textes et pièces de théâtre (non-jouées): De main morte (2010) ; Hordes (2015) ; Annonciations (en cours). Il a contribué, avec Stéphane Goël, Jean-Jacques Monachon, Ali Squalli et Stefan Graf, à l’ouvrage Machographie de Christian Pellet (art&fiction, collection Re:Pacific, 2016).
Informations
- N° 407
- Auteur-e-s
- Édition établie par Christian Pellet, Rodolphe Petit
- Graphisme Samuel Schmidt, Dirtygraphik
- Format 15,5 x 41,5 cm
- Pages 24 feuillets
- Genre livre d'artiste
- Collection Varia
- ISBN 978-2-88964-066-9
- Édition limitée à 200 exemplaires
- Date de parution 12 août 2024
- Prix CHF 49.00