Paru en juin 2004, le troisième DOCUMENT est consacré au travail de cinq artistes ayant fait un séjour en Égypte. Chaque artiste propose un insert de 16 à 30 pages, où son expérience égyptienne est évoquée: des illustrations de Mauro Frascotti, un texte de Pascale Favre, de gouaches de Christine Sefolosha,un extrait de l’immense projet iconographique de Claudia Renna et des textes appliqués au tampon par Jean Crotti.

Au sommaire:

Mauro Frascotti, Tu veux dessiner Égypte… Mais tu connais Égypte?, Crayon, encre et eau de Javel sur papier (détails), 2003-2004 | page 7-20|

En 1980, diplôme de graveur en poche, Mauro Frascotti, né en 1957, quitte l’Ecole des arts appliqués de La Chaux-de-Fonds. Il n’exercera son métier de graveur que très brièvement, se tournant très vite vers la bande dessinée. En 1988, après un voyage en Afrique Noire, il signe son premier album La nuit va fermer. De 1990 à 2000, il partage son temps entre la BD et les fresques murales. Cette activité picturale le conduit au pied des temples égyptiens, voyage qui aboutit en 2001 à une exposition à Louxor. Il retrouve l’Égypte lors de deux séjours, le premier, au bénéfice d’une bourse octroyée par la Conférence des Villes Suisses en matière culturelle (CVSC) d’avril à septembre 2002, et le second, soutenu par Pro Hélvétia, en 2003.
DOCUMENT présente des vignettes extraites de «Rumeurs du Caire», une bande dessinée sur un scénario de Christian Stoller, née durant son séjour au Caire en 2002. Les 25 premières planches ont été exposées en 2003 à la galerie Townhouse du Caire en compagnie d’un collectif de jeunes dessinateurs égyptiens. L’intérêt que suscita cet événement ouvrit au projet les portes du mensuel cairote «la Revue» où il a donné lieu à une pré-publication de juin 2003 à juillet 2004.

Pascale Favre, Planète Caire, texte inédit, 2004 | page 23-46

Née en 1970, Pascale Favre a effectué sa formation à l’Ecole supérieures d’arts appliqués et d’arts visuels de Genève. Elle rejoint en 2001 le collectif Airbag, à l’origine de nombreuses expositions collectives et de la revue éponyme. Son activité artistique, qui englobe la vidéo, l’écriture, le dessin et l’installation, a été présenté entre autres au Palais de l’Athénée à Genève, au centre Pasqu’Art de Bienne et à Zamalek, en Égypte. Elle séjourne au Caire depuis le mois de janvier 2004 dans le cadre d’une bourse CVSC et le Fonds municipal pour l’art contemporain de la Ville de Genève. Planète Caire arrive après trois mois de pérégrinations égyptiennes. Plus qu’un retour avant l’heure, le texte découvre le va-et-vient fragmentaire du regard qui effleure troublé par l’ambiance de la ville.

Christine Sefolosha, L’heure ottomane, technique mixte, collage sur papier (formats divers et détails), 2004 | page 47-64

Née en 1955, Christine Sefolosha vit et travaille à Montreux. Autodidacte, elle a séjourné de 1975 à 1983 en Afrique du Sud avec ses trois enfants. Influencée par les rythmes de la musique noire des bidonvilles, elle invente dès 1993 sa propre technique, en incorporant de la terre ramenée d’Afrique à de la colle, à des pigments divers ou du goudron; appliquées de manière aléatoire sur le support, ces matières suscitent des figures instables que l’artiste accentue avec la peinture. Dès 1997 Christine Sefolosha travaille avec de l’aquarelle et a fait évoluer son bestiaire rupestre vers un univers fantastique. Bénéficiaire d’une bourse de la Fondation Leenaards en 1998, elle expose régulièrement en Suisse romande, à Paris et à New York.
Depuis 2000, elle fait plusieurs voyages en Égypte et en Turquie. Interpellée par l’extrême pudeur de la femme orientale, ses vêtements-citadelle, sa retenue mais aussi son explosive sensualité latente, elle rassemble dans un petit carnet des fragments de visions influencées par l’imagerie naïve des frontons et façades de villages aperçus le long de la route au bord du Nil.

Claudia Renna, Une iconographie de l’Égypte ancienne, Encre pigmentée sur papier torchon ( 40 x 30 cm), 2002- | page 67-90

Née en 1965, Claudia Renna s’est formée à la Hochschule für Gestaltung de Zürich et à l’Ecole Supérieure d’Arts Visuels de Genève. Le voyage semble être un élément constitutif de son travail de peintre: celui qu’elle a produit sur le mythique chantier naval de Gdansk en 1999 a été montré au Königsschloss de Varsovie; elle a présenté des carnets de route à l’Hôtel-de-Ville d’Yverdon-les-Bains en 2001; elle expose en 2002 à la Townhouse Gallery au Caire; elle participe en 2004 à un vaste projet international pour une nouvelle collection d’art contemporain à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis.
Les planches présentées ici son extraites d’un vaste projet encore en cours, résultant d’un séjour de six mois en Égypte en 2002 (Bourse CVSC), où son travail s’est focalisé sur la culture des règnes dynastiques. À son retour en Suisse, elle a effectué d’amples recherches livresques pour réaliser cette encyclopédie en images dont le nombre de planches dépasse les 500.

Jean Crotti, sans titre (toi qui es loin de mes yeux), acryl chablonné sur papier (29 x 18 cm), 2004 | page 91-108

Jean Crotti est né à Lausanne en 1954. Après une année d’études en Faculté des Lettres à Lausanne, il entre en 1977 à l’École supérieure d’art visuel, à Genève, qu’il quitte en 1979 pour se consacrer entièrement à la peinture. En 1982 il est lauréat de la Fondation Kiefer-Hablitzel et en 1984 il reçoit la Bourse fédérale des Beaux-Arts. Il fonde en 1987, avec des amis peintres, le groupe M/2 qui organise à Vevey une quarantaine d’expositions jusqu’en 1991. En 1992 il obtient une bourse CVSC pour un séjour au Caire.
Ce séjour sera décisif, puisque Jean Crotti partagera sa vie et son travail entre Lausanne et Le Caire de 1992 à 2002, année durant laquelle il se voit contraint de renoncer à sa vie en Égypte. Dans les pages qu’il consacre à DOCUMENT, au moyen de simples chablons, et à travers les chansons de Oum Kalsoum, véritables chants d’amour, il dit sa nostalgie du pays perdu et l’absence de l’être aimé.