Entre 2010 et 2021, Laurence Boissier et Antoine Jaccoud ont donné quelques dizaines de lectures publiques, pour la plupart en compagnie du collectif «Bern ist überall», et quelquefois en duo. Les deux ami·es ont partagé cette aventure du spoken word helvétique, serrant les rangs, formant une sorte d’îlot, ou alors une manière d’ambassade itinérante de ce qu’on appelle outre-Sarine la Romandie. N’être sûre de rien, et surtout pas de soi, c’était pour Laurence Boissier, une forme de résistance salutaire face aux pièges des certitudes et des vulgates relève Antoine Jaccoud, qu’elles concernent ce qui est bon pour la littérature aussi bien que ce qui est bon pour le corps, le couple ou la vie en général. Deux jours avant de disparaître, la première envoyait encore au second un SMS idiot et cocasse, où il était question de Cenovis. Ceux et celles qui partent encore empli·es de cette force comique ont le don de nous chavirer, note Antoine Jaccoud, qui répond à ce dernier SMS par une lettre à la disparue.

Scénariste et dramaturge, fort d’une certaine prédilection pour le monologue, le lausannois Antoine Jaccoud aime à opposer un humour noir et décalé au caractère anxiogène de ses textes. À moins qu’il n’y soit contraint par quelque nécessité intérieure. Parmi ses ouvrages: Après l’averse. Tableau de la catastrophe (avec Nicolas Fournier), art&fiction, 2023; Country (2016) et Adieu aux bêtes (2017) aux éditions d’autre part.

Journaliste, responsable des pages Livres du Temps, Lisbeth Koutchoumoff a été également chroniqueuse pour la radio et la télévision suisse. Elle vit à Genève.