Les textes et dessins gravés qui s’alternent dans ce livre de Naomi Del Vecchio racontent avec simplicité et clairvoyance des fragments du monde qui disparaissent ou surgissent. Un glacier qui fond, des langues avalées par d’autres, un bout de lac comblé pour former une plage, un fou rire qui se propage. Avec délicatesse, poésie et souvent un brin de malice, l’artiste collecte des petits riens, redessine ce qui se trouve sous nos yeux, rattrape un souvenir d’enfance. Elle nous propose une forme de ralentissement de nos bandes passantes, saturées d’images et d’informations. 

À l’image de son plan de Rome ou de l’écheveau de laine jaune d’un capricieux mouton, Naomi Del Vecchio entrelace dans cette publication des motifs textuels et visuels qui se répondent dans un subtil jeu d’échos. Ses textes, brefs le plus souvent, ses gravures et aquarelles se superposent dans la matière même du papier et nous permettent d’être au plus près de nos émotions et des réminiscences personnelles que ces presque-riens suscitent en nous.

Ce travail invite à un lien tactile avec le vivant ainsi qu’à une relation sensorielle avec l’acte de lecture.

Naomi Del Vecchio (née en 1974, vit et travaile à Genève) pratique le dessin, la gravure et l’écriture. Elle explore les liens entre le texte et le dessin, les mots et les lieux, à la fois dans l’espace du livre et celui de l’installation. Elle assemble et associe les observations, les définitions, les histoires, les points de vue scientifiques ou personnels, en jouant sur les frontières, les basculements et les dérapages.  Elle a réalisé de nombreuses micro-éditions et a publié Des pieds et des mains et comment s’en servir (2016) ainsi que Cailloux et autres pierres (2020) chez art&fiction, Belles plantes, fines herbes et vieilles branches aux éditions Le Cairn (2017). Diplômée de la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève, elle a étudié par la suite le mouvement et la composition à la Jerusalem Academy of Dance and Movement (Israël) puis a complété sa formation par un master d’art dans la sphère publique à l’École cantonale d’art du Valais (EDHEA). Elle enseigne également les arts visuels et intervient comme médiatrice culturelle.

REVUE DE PRESSE

TERRE&NATURE, 04/07/2024
«Poésie contre la grande braderie» par Sylvain Menétrey
Lire l’article